
Enfants des années 60, essentiellement des garçons, nous jouions souvent à la guerre. C’était bien avant les Playmobil, les aventures d’Harry Potter et les jeux vidéos. La Seconde guerre mondiale n’était pas très loin et son souvenir alimentait régulièrement les discussions familiales. Dans les magasins, des armées attendaient les gamins auxquels on offrait à Noël des troupes allemandes, américaines, anglaises… Ces petits soldats n’étaient plus en plomb, mais en plastique, ce qui mettait la section, voire la compagnie, à la portée de presque toutes les bourses.
A quatre pattes dans le salon, dans le jardin ou sur le trottoir, stratèges de dix ou douze ans, nous reconstituions le débarquement de Normandie ou les batailles de Rommel dans le désert. Nous nous soucions peu de la vérité historique que de toutes façons nous connaissions mal. L’important était d’organiser l’affrontement des bons contre les mauvais. Selon la motivation des participants, les combats pouvaient durer une heure ou quelques jours, interrompus par les heures de classe ou de sommeil.
Aujourd’hui, si les enfants aiment toujours les combats, ils jouent moins à la guerre. Ils entrent dans la peau de personnages inspirés par leurs lectures ou les séries télévisées. Ils sont chevaliers, policiers, super-héros. Ils adorent les parties de laser game. Mais, contrairement peut-être aux adultes attirés par les « wargames » sur écran, la guerre de leurs grands-parents n’alimente plus leur imagination.
Autre différence avec les années 60 : la guerre, la vraie, est présente en permanence à la télévision et sur les tablettes. Dans les pays en paix, les enfants regardent le 20 heures et voient la guerre. Selon les jours et leur âge, ils détournent le regard ou posent des questions. Contre leur gré, ils perdent sans doute ainsi un peu de leur insouciance. Ce n’était sans doute pas le cas quand ils jouaient avec leurs soldats de plastique.