« Une guerre et un petit café, s’il vous plaît ! »

Chaque matin, le même rituel. Il s’installe à sa table au Bar des Amis, commande un café, achète un journal, dégaine son mobile et fait défiler les tweets. Sur Twitter, il cherche immédiatement les informations sur la guerre en Ukraine. Depuis février 2022, cette guerre au cœur de l’Europe est devenue l’une de ses principales préoccupations. Que s’est-il passé dans la nuit ? Où en sont les livraisons d’armes ? La contre-offensive a t-elle commencé ? Il s’est abonné aux comptes de plusieurs journalistes qui couvrent le conflit et à ceux d’analystes, souvent d’anciens militaires régulièrement invités sur les plateaux de télévision.

Cette guerre n’est pas la première dont il observe l’évolution. Lycéen, il avait appris dans les journaux, la chute de Saigon, en 1975. En 1991, c’est à l’étranger qu’il avait suivi sur les ondes courtes de RFI le déclenchement de l’opération « Tempête du désert » qui avait mis fin à l’occupation du Koweit par l’Irak. Les guerres dans les Balkans et, en particulier le siège de Sarajevo, l’avaient mis en alerte, de même que la chute de Saddam Hussein, lors de la deuxième guerre du Golfe. Partout, tout le temps, le monde est secoué par les guerres, même si certaines peuvent paraître lointaines.

Mais cette guerre en Ukraine est proche. Terriblement proche. Chacun, à Paris, à Londres, à Berlin, à Prague, peut sentir le danger. Jamais au cours de la guerre qui a ravagé la Bosnie-Herzégovine, il n’a pensé que l’Europe pouvait basculer. Il a haï Milosevic, Tudjman, Karadzic, mais il ne les a jamais perçu comme une menace pour lui-même, pour sa famille, pour son pays. Cette fois, la donne a changé. L’avenir est en jeu. La couverture médiatique de cette guerre est aussi sans commune mesure avec celle de toutes les guerres précédentes. Jour et nuit, sur tous les écrans, les images, les sons, les mots de la guerre rythment nos vies.

Devant son café, il se sait impuissant, mais il a besoin de savoir et de comprendre. Les autres sujets qui « font l’actualité » lui semblent souvent secondaires, voire dérisoires. Le Festival de Cannes bat son plein, comme pour offrir au monde un peu d’évasion, et sans doute parce que the show must go on.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s